Patti Smith 1975 Robert Mapplethorpe 1946-1989 ARTIST ROOMS  Acquired jointly with the National Galleries of Scotland through The d'Offay Donation with assistance from the National Heritage Memorial Fund and the Art Fund 2008 http://www.tate.org.uk/art/work/AR00185

Les filles et le rock

"Les filles ont des couilles, elles les ont juste un peu plus haut, c'est tout." Joan Jett

« Ok, j’ai une liste de ses goûts : cuisine chinoise, littérature féministe et musique de groupes de filles de style rock progressif »

« Alors si je comprends bien je lui achète des nouilles, des livres, et j’écoute des filles qui savent pas jouer de leur instrument, c’est ça ? »

Ten things I hate about you (un film assez ringard, surtout en VF, mais plein de punchlines)

Alors déjà commençons par poser les bases en répondant à cette question : C’est quoi être rock ? Et c’est quoi le rock, d’abord ?

Je ne vais pas vous faire un cours sur le rock. D’abord, ce serait trop long, et puis vous savez déjà sûrement plein de choses sur le sujet. Sachez juste que le rock est le papa de beaucoup de genres musicaux qui ont eux-mêmes de nombreux sous-genres, qu’il a pour base instrumentale la guitare électrique, la batterie, qui permettent de faire beaucoup de bruit (ce qu’on retrouvera dans le punk), et la basse. Son nom de baptême vient d’une certaine prédilection pour le sexe (« sex, drugs and rock’n roll ») mais il est difficile d’en faire une règle pour définir le mouvement. A ses débuts, le rock est rebelle et agressif, jeune. Il se calme rapidement mais plante ses graines un peu partout, et certaines germent pour donner le punk.

Alors le punk, c’est un mouvement complet. Il repose bien évidemment sur la musique, projette ses racines dans le rock garage des années 1960 et dans la musique d’artistes des années 1970 comme Patti Smith au CBGB à NY ou Suicide. Les Ramones font partie des premiers punks au milieu des années 1970 mais le punk se popularise vraiment avec les Sex Pistols, lancés par Malcolm McLaren, à partir de 1976. Les foyers américains et anglais essaiment et la vague se répand en France, en Australie et un peu partout dans le monde. Idéologiquement parlant, le punk est un mouvement essentiellement contestataire, qui s’oppose à la musique, y compris rock, institutionnalisée de l’époque, au mouvement hippie, à la bien-pensance bourgeoise, à l’autorité quelle qu’elle soit, bref, à l’ordre établi. La musique et les paroles sont simples et agressives (pas besoin d’avoir les capacités de Frusciante pour jouer du punk, et d’ailleurs tout le monde peut faire du punk puisqu’on prône le « do it yourself »), nihilistes (« No future »), anarchistes (« I am an antichrist//I am an anarchist » comme chantaient les Sex Pistols, qui ont habilement fait rimer deux mots qui ne riment pas du tout … quand on est punk, on ne s’embarrasse pas des détails, c’est le message qui compte). Le punk encourage l’émeute mais est volontiers anti-raciste (comme nous le rappelle la chanson, le punk aime les animaux*) voire féministe chez certain.e.s.

En 1977, Lester Bangs déclare la mort du punk. Pas totalement faux lorsqu’on pense à la triste fin des Sex Pistols, qui ont vite compris qu’ils pouvaient se faire pas mal de thunes en commercialisant leur musique et leur image (anti-conformiste, le punk est vite devenu une mode), ce qui était un peu anti-punk tout de même … Pourtant, punks’ not dead, en témoignent les nombreux artistes qui ont découlé de ce mouvement, et notamment les artistes « post-punk », avec des groupes comme Joy Division (qui devient New Order à la mort de Ian Curtis), pour n’en citer qu’un (mais non des moindres).

Etre punk, ou être rock, c’est surtout un état d’esprit. C’est globalement être anti-conformiste et très énervé (ou du moins énergique), être jeune aussi, et ça, on le retrouve dans plein de chansons.

During the Pistols era, women were out there playing with the men, taking us on in equal terms … It wasn’t combative, but compatible.

Johnny Rotten

Bien qu’il s’agisse de mouvements fondamentalement masculins, des filles ont su se faire une place sur la scène rock et punk (« I wanna be where the boys are ! » scandaient les Runaways), soit en traitant des sujets qui leurs sont personnels soit en s’emparant de problématiques féministes (n’oublions pas que les années 1960 et 1970 sont les années de développement du féminisme comme on le connaît aujourd’hui). En fait, ces filles ont fait du féminisme sans y penser : si certaines ont revendiqué leur orientation féministe, la plupart ont simplement voulu crier au monde d’aller se faire foutre, comme les mecs le faisaient. Alors pour vous, je partage une partie de ma playlist « Rock Girls » (à retrouver sur Spotify), une liste non exhaustive et en désordre, composée de morceaux d’artistes féminines et/ou féministes et surtout rock …

  • Bikini Kill – Rebel Girl : on commence avec du post-punk, puisque ce morceau date des 80’s (vous en trouverez beaucoup dans cette playlist).
  • Dream Nails – Vagina Police : « my body, my choice », as they say.
  • Chastity Belt – Cool slut : ou pourquoi c’est cool d’être une salope.
  • Dream Wife – Kids
  • Camp Cope – The Opener
  • Witch Fever – Toothless
  • Colour Me Wednesday – Sunriser
  • Hinds – Bamboo
  • Frankie Cosmos – Being Alive
  • Personal Best – I go quiet
  • The Tuts – 1982
  • Alela Diana – The Pirate’s Gospel
  • Lily Allen – Fuck You (désolée mais une fille en robe à froufrous qui dit « fuck you » à un c** c’est rock)
  • Blondie – 11:59
  • Janis Joplin – Piece of my heart : est-il besoin de présenter Janis Joplin ?
  • Grace Slick (Jefferson Airplane) – White Rabbit : envie de planer sans fumer ? C’est possible avec Jefferson Airplane et la voix d’autre monde de Grace Slick …
  • Patti Smith – Dancing barefoot : c’est l’un des ses morceaux les plus accessibles à mon avis. Mon père m’a fait écouter « Horses » quand j’étais petite et j’ai détesté. Je n’avais jamais rien entendu de tel. Après avoir lu Just Kids à 15 ans et l’avoir vue en concert à Patrimonio la même année, j’ai changé d’avis. Punk avant les punks, Patti Smith est une vraie rebelle qui a fui des parents très pieux pour s’installer avec Robert Mapplethorpe dans un appart’ pourri (et brièvement au Chelseau Hotel) à NY. Tous les deux se sont mutuellement nourris pour en arriver au résultat qu’on connaît. Fan de Rimbaud (elle a du goût), farouche militante écolo, elle s’est essayée à différentes formes d’art avant de se tourner vers la musique, et on peut l’en remercier.
  • Marianne Faithful – Summer Nights : eh oui, sous ses airs de poupée rétro, Marianne Faithful est une vraie rockeuse ! C’est elle qui a chanté « As tears go by » pour la première fois et elle a connu une jeunesse aussi décadente que les Stones réunis (ou presque) ! Elle laisse des albums solos un peu méconnus et c’est dommage.
  • Nico – These days : l’album à la banane du Velvet Underground serait bien pâle sans Nico ! D’abord mannequin, elle tourne des publicités et apparaît dans La Dolce Vita de Fellini et dans des films expérimentaux de Warhol et Morissey. Elle sort au passage plusieurs albums. Impossible d’oublier sa voix une fois qu’on l’a entendue.
  • PJ Harvey – The Wind
  • Unloved – After Dinner
  • The Bags – Survive
  • Suzi Quatro – Can the can : une autre punk avant les punks ! Son père l’initie petite à la musique et elle monte son 1er groupe à 14 ans, en 1964, avec ses soeurs, The Pleasure Seekers, un mélange de Beatles et de punk avant l’heure. Débarquée à Londres au début des années 1970, elle trouve là sa place sur la scène rock avec des chansons assez agressives …
  • X-Ray Spex – Oh bondage ! Up yours ! : rien de commun avec Polly Styrene, chanteuse du groupe, une petite bonne femme en vêtements néons qui hurle sa passion du bondage sur fond de saxophone. L’entrée en matière clairement féministe, « Some people think little girls should be seen and not heard, but I think : OH BONDAGE, UP YOURS ! 1, 2, 3, 4 ! » donne immédiatement la pêche !
  • Vulpes – Me gusta ser una zorra : message assez clair qui se rapproche de celui proposé par Chastity Belt.
  • Angel Holsen – Shut up kiss me
  • Le Tigre – Deceptacon
  • Delta 5 – Mind your own buiness : ok c’est pas un groupe exclusivement féminin, ni spécialement féministe, mais vous avouerez que ça va bien dans la playlist. De toute façon, c’est ma playlist alors c’est moi qui choisis.
  • The Runaways – Cherry Bomb : parce-que jouer de la guitare en corset et porte-jarretelles c’est plutôt cool. Le groupe de Joan Jett !
  • Joan Jett – I love rock’n roll : un classique et l’idole de ma prime adolescence … C’est sans doute à cause de Joan Jett que je me suis acheté une guitare électrique
  • Joan Jett – Bad reputation : parce-que le clip m’a beaucoup plu quand j’étais gamine
  • Bush Tetras – Too many creeps : j’aime ce rythme très 80’s … Même si Barney Stinson jugerait que la basse est à évacuer !
  • Neo Boys – Rich Man’s dreams
  • The Brat – Attitudes : Voilà un morceau que pourrait écouter Kat dans Ten things I hate about you.
  • Kleenex – Hitch-Hike
  • Vivien Goldman – Private Armies
  • The Slits – Typical girls
  • Crass – Walls
  • 7 year bitch – Dead men don’t rape
  • L7 – Pretend we’re dead
  • Bratmobile – Cool Schmool
  • Huggy Bear – Herjazz
  • Hole – Violet
  • The Julie Ruin – I’m done
  • Chrissie Hynde (The Pretenders) – Back on the chain gang
  • The Gits – Second Skin
  • The Breeders – Drivin’ on 9
  • Siouxsie and the banshees – Hong Kong Garden : Siouxie Sioux aimait se balader déguisée en chat. Elle s’est fait une place sur la scène underground alors que les plus éphémères et décadents Sex Pistols retombaient comme un soufflé …

N’hésitez pas à m’envoyer la ou les artistes que vous verriez bien sur cette playlist !

*https://www.youtube.com/watch?v=btwxMcYUsmc

Liens utiles :

https://en.wikipedia.org/wiki/Women_in_punk_rock#Chrissie_Hynde

https://pitchfork.com/features/lists-and-guides/9923-the-story-of-feminist-punk-in-33-songs/?page=3

Unsolicited Opinion

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