Les rappeurs qui ont marqué la décennie du rap français (partie 2)

La décennie 2009-2019 aura été la période la plus importante dans l’histoire du rap français, laissant apparaître de nouveaux genres, de nouveaux artistes et groupes. Des tauliers du rap perdurent toujours, n’ayant pas peur de se diversifier pour s’adapter au bouleversement du genre. Les rappeuses sont de la partie et ont réussi à se faire une place solide, bien déterminées à y rester. De plus, le rap français a tellement influencé d’artistes au-delà de l’Hexagone que l’on parle désormais de « rap francophone ». Retour, en trois parties, sur celles et ceux qui auront permis de rendre cette décennie historique.

PNL

Ce groupe a révolutionné le rap français de cette décennie. Ni plus, ni moins. En effet, ils sont parvenus à démocratiser un genre qui était, dès lors, exclusivement rattaché aux États-Unis : le cloud-rap. Un mouvement que l’on peut caractériser par des mélodies planantes, hypnotiques, voire lunaires. Mais PNL ne peut pas se définir uniquement par des musiques « chill », c’est tout un univers à prendre en compte. Il faut comprendre toute la complexité des personnages d’Ademo et de NOS (respectivement Tarik et Nabil Andrieu). Ils ne font pas l’apologie de la drogue, ni même de la vie en cité. C’est même tout le contraire. Pour eux, leur quotidien est une fatalité, une vie sombre, fade, où leurs démons les côtoient nuit et jour. Et ils feront tout pour sortir de cet engrenage dans lequel ils sont enfermés.

Personnages à part dans le rap français, ils sont parvenus à créer un véritable mythe autour de leur groupe. Depuis le début de leur carrière, ils n’ont accordé littéralement aucune interview pour promouvoir leurs albums. Ils cassent les codes classiques du rap et viennent bouleverser un ordre pré-établi : se montrer le plus possible pour réussir. Ils se démarquent surtout par l’esthétique sublime de leurs clips, aussi bien dans la réalisation (le format « mini-film » qui lie certains clips pour leur donner une histoire, ou encore des paysages merveilleux aux quatre coins du monde).

Mars 2015, les deux frères de la cité des Tarterêts font leur apparition dans le rap français en tant que groupe. Ils avaient tenté leur chance respectivement en solo, mais sans succès. C’est alors que sort leur premier projet, Que la Famille. Ademo et NOS nous font part de leur quotidien, souvent morose, qui se résume au trafic, par dépit (Obligés de prendre, Je vis je visser, Lala). Comme énoncé avant, ils doivent faire de l’argent pour fuir la misère (La petite voix, Recherche du bonheur). Une fois ce « biff » en poche, ils peuvent se permettre de profiter, s’évader (PNL).

Une fois le décor planté, le groupe sort son premier album : Le Monde Chico. Cet album va permettre de dépeindre un peu plus le portrait de Tarik et Nabil. On y découvre leurs influences et les différentes cultures qui les intéresse. Le titre de l’album fait référence à la phrase culte de Tony Montana dans Scarface (« Le monde, Chico. Et tout ce qu’il y a dedans »). Ce film a particulièrement marqué le groupe, comme en témoignent les sons Plus Tony que Sosa, Rebenga, et Le M. On y retrouve des sons qui sont le parfait mélange entre des véritables hits et porteurs de leur signature (Le monde ou rien, Oh lala, J’vends, et le merveilleux Tempête). Cet album les propulsera dans la cour des grands avec un triple disque de platine seulement 4 mois et demi après sa sortie.

En septembre 2016, vient l’album au nom prémonitoire et qui les fera entrer chez les plus grands : Dans la légende. Dans cet album, ils savourent leur succès, tout en racontant les galères pour y arriver (Dans la légende, Mira, La vie est belle) Ce projet va également faire émerger des sons qui deviendront de véritables classiques de PNL (Da, Naha, Bene, Onizuka), dont un qui fait partie des chefs d’œuvres absolus de la décennie du rap français, véritable merveille : Jusqu’au dernier gramme. La consécration est encore plus grande : Dans la Légende sera disque de diamant (+ de 500.000 ventes).

Après deux ans et demie, le troisième album, Deux frères, sort le 5 avril 2019. L’attente était insupportable, tout le public attendait ça. Et les « deux fauves » ont répondu présent, même au-delà des attentes. Avec une communication impressionnante (un live YouTube de 12 heures pour annoncer la sortie du single Au DD en mars, des affiches publicitaires dans toute la France et dans plusieurs coins du monde, un partenariat avec Uber lors de la sortie de l’album, un bus panoramique), l’engouement est gigantesque. Du jamais vu. L’oeuvre en elle même est maîtrisée à la perfection dans ce qui est l’album le plus intime et le plus sincère.

Le premier clip, Au DD, est tourné sur la Tour Eiffel. Le son bat le record mondial de streams en 24 heures sur Deezer, accumule 10 millions de vues sur YouTube en moins de deux jours et bat le record français de streams en une semaine avec plus de 11 millions d’écoutes. Comme son nom l’indique l’album est beaucoup plus centré sur la relation qu’entretiennent les deux frères (le son éponyme le montre, tout comme Coeurs) nous livrant un récit sincère sur leur passé et sur ce qu’ils sont devenus (Chang avec l’un des plus beaux couplets que NOS ait jamais écrit et Autre monde où ils gardent cette mentalité « QLF » ).

On retrouve toujours ce côté animal qui les caractérise (Blanka, Menace), à la manière de Mowgli, qu’ils prennent souvent en exemple. Il y a toujours cette envie de faire des sous pour se débarrasser de la misère, même s’ils sont au sommet (La misère est si belle). On retrouve cet aspect planant dans plusieurs sons tels que Déconnecté, Zoulou Tchaing, Shenmue et Kuta ubud qui est un véritable chef d’oeuvre.

Enfin, l’on retrouve des mélodies plus dansantes (Hasta la vista, 91’s) pour parapher un album accompli au plus haut point, disque de diamant avec plus de 800.000 ventes (74.000 ventes en 3 jours dont plus de 60% en ventes physiques, un record absolu).

Sexion d’assaut

Depuis IAM, jamais un groupe de rap n’avait autant imposé telle dictature dans le rap français. Sexion d’assaut, c’est l’histoire de huit rappeurs (Gims, Lefa, Barack Adama, Maska, Doomams, JR O Chrome, Black M et L.I.O Pétrodollars) qui vont retourner le rap FR en à peine 5 ans.

Le groupe se forme en 2002, à la base c’est une alliance entre plusieurs collectifs de rappeurs du 9ème arrondissement de Paris. En 2009, à la signature chez le label Believe, ils sortent un street album (un album qui n’a pas de fil conducteur, basé uniquement sur la performance) : L’Écrasement de tête. Ils se feront remarquer, notamment grâce aux refrains chantés par la voix sublime de Gims, par leurs styles percutants et avec des sons qui participeront à leur début (T’es bête ou quoi ?, A la mode de chez nous, Routine, Wati bon son)

En 2010, sort L’école des points vitaux qui va faire exploser le groupe au rang de groupe majeur du rap français. L’album est un parfait mélange entre des tubes qui les feront connaître de tous (Désolé, Casquette à l’envers, Wati By Night), mais aussi avec des sons qui font passer des messages forts à la jeunesse, notamment contre la drogue (La drogue te donne des ailes, Tu l’as fait pour elle, Itinéraire d’un chomeur). On y retrouve également des textes très profonds et sincères qui séduiront le public (Rien n’t’appartient, Ils appellent ça, J’ai pas les loves). Le succès est immense avec 400.000 ventes et un triple disque de platine.

En 2011, ils sortent une mixtape (Les Chroniques du 75, vol.2 : En attendant l’Apogée) pour faire attendre l’album qui sortira en 2012. Le projet contient un CD-DVD avec les vidéos des clips et un documentaire sur l’histoire du groupe, il sera un succès avec 150.000 ventes avec de très bons sons (Paris va bien, Qui t’a dit ? A bout d’souffle, Noir)

Le couronnement se fera avec la sortie de L’Apogée en 2012. L’album est une rafale dans le rap français dès sa sortie. Comme le résume très bien Genius, « L’Apogée c’est : des musiques à sonorités africaines (Africain, J’reste debout), des morceaux tristes et conscients (L’endurance, Melrose Place, La Place, Rien de méchant, La tâche, A cœur ouvert, Paname allons danser), quelques instrumentales assez “kainry”(Mets pas celle-là, Disque d’Or, J’suis pas dans l’game) des chants facilement mémorisables (Ma direction, Wati House, Melrose Place) ou encore des sons assez club (Wati House, Balader) ». Effectivement, ils atteindront l’apogée avec cet album, certifié disque de diamant avec 539.000 ventes.

Damso

De Jacques Brel à Stromae, la musique belge a su parfaitement s’inviter dans le paysage musical français. La deuxième partie de cette décennie sera celle d’un rappeur belgo-congolais, révélé par Booba en 2015. Son rap est le mélange absolu entre hardcore et poésie, sexualité et pudicité, pauvreté et richesse, bonheur et chagrin profond, BruxellesVie et Kin la belle.

En 2006, il créée le groupe OPG avec un ami d’enfance. Ils sortent une mixtape, Salle d’attente, en 2014. La révélation se fera en solo en décembre 2015 où le rap français découvre sa prestation tonitruante sur Pinocchio de Booba. Pur produit du centre de formation des rappeurs, le label 92i, il sort en juillet 2016 son premier album solo : Batterie faible.

Dans cet album, Damso nous raconte les nombreuses galères qui ont façonné son univers et son personnage très sombre, pessimiste. Il crée même sa propre expression pour définir cet état : « Nwaar ». De la guerre au Congo qu’il a fui dans sa jeunesse (Graine de Sablier, Exutoire) à la pauvreté qui le touche (Débrouillard) en passant par sa sexualité débridée voire trash (Sombre, Quotidien de baisé, Monde) ou encore ses relations compliquées avec les femmes (Autotune et le mythique Amnésie) et sa ville de Bruxelles (BruxellesVie) : tel est le personnage de Damso.

En avril 2017, il sort son deuxième album : Ipséité. Ce projet est une véritable introspection de Damso, il se questionne sur sa personnalité qu’il entend préserver malgré les situations qu’il a vécues. C’est la définition même de l’ipséité. Il s’interroge sur lui-même et sur sa solitude (Kietu, Dieu ne ment jamais, Mosaïque Solitaire), sur sa passion pour la musique et son ambition (J Respect R, #QueduSaalVie), son Congo natal meurtri par les guerres (Kin la belle), ses craintes de devenir père (Peur d’être père) et ses relations compliquées avec les femmes (Macarena). Le très trash Une âme pour deux clôt l’œuvre. L’album est considéré par beaucoup comme le plus intense de Damso. Les critiques et les ventes (disque de diamant : + de 500.000 ventes) seront unanimes, c’est un chef d’œuvre.

En juin 2016, sort le troisième opus, Lithopédion. D’après la définition de Rap Genius, « Un lithopédion est un fœtus dont le développement s’est finalisé mais qui n’a jamais vu le jour (…) et ne deviendra jamais ce qu’il aurait dû être. ». Un mort-né. De par ce titre, Damso affirme que s’il avait eu le choix entre vivre cette vie de souffrance, de mort, et de solitude, il aurait préféré ne jamais naître. C’est ce sentiment qui traverse tout l’album qui ne contient qu’un seul feat avec Angèle. Mais c’est paradoxalement dans cette souffrance que son talent s’exprime le mieux, qu’il est vraiment lui et qu’il arrive à garder cette « ipséité ».

Image d’un poète perdu, mélange entre Le bateau ivre de Rimbaud et le Spleen de Baudelaire, Damso sait parfaitement retranscrite toute l’intensité et la réalité de ses souffrances. Un génie tourmenté.

Alpha Wann

C’est l’histoire du rappeur le plus talentueux et l’un des plus discrets de sa génération. Co-fondateur du groupe 1995 et membre de l’Entourage, il fait partie de l’âge d’or de Rap Contenders au début de la décennie. Il s’illustre avec le groupe lors de la sortie de l’EP La Source en 2011, qui le fera exploser, au même titre que Nekfeu et Sneazzy. Avec ses groupes respectifs, il sort cinq albums : En sous-marin en duo avec Nekfeu (2011), La source (2011), La suite, Paris Sud Minute (2012) avec 1995 et Jeunes entrepreneurs avec L’Entourage (2014). C’est également le récit d’un indépendant, d’un businessman et bâtisseur de projets. En 2013, il décide de lancer son propre label, Don Dada Records, avec son ami Hologram Lo’, également membre de 1995.

Mais Le Don a envie de montrer ce qu’il vaut en solo. Il sort un premier projet, Mon job, en 2012, et se lance dans sa trilogie Alph Lauren. La première édition sort en 2014, un projet prometteur avec des sons très intéressants comme l’excellent Steven Seagal. Le deuxième volet sort en 2016, et Alph Lauren 2 contient son lot de pépites (Barcelone, A deux pas feat Nekfeu, Lunettes noires feat S.Pri Noir). En 2018, vient Alph Lauren 3, une mise en bouche avant son premier album Une main lave l’autre, prévu pour septembre de la même année. Le dernier épisode de la trilogie finit de bâtir le personnage.

En septembre 2018, sort le premier véritable album de Philly Flingue : Une main lave l’autre. L’œuvre tant attendue est enfin là et c’est une immense réussite. Désormais, il y a bien plus que les puristes qui s’intéressent à Alpha Wann. Tout le monde se rend compte du talent, de la technique incroyable et du flow stratosphérique de Phaal. L’album entier est une véritable claque, il n’y pas un seul son qui déçoive. Allez écouter l’album en entier et en boucle, vraiment. Les critiques sont tellement élogieuses et unanimes que beaucoup considèrent U.M.L.A comme l’un des meilleurs albums de la décennie. A très juste titre.

Ninho

Ninho a tout de suite su que le rap était fait pour lui. Dès l’âge de 12 ans, il commence à rapper dans son quartier, « C’était ça l’objectif et ça n’a pas changé » déclare-t-il dans une interview au Mouv en 2018.

Entre 2014 et 2016, il sort pas moins de quatre mixtapes dans un rythme effréné : Ils sont pas au courant Vol. 1, En attendant I.S.P.A.C 2 (Ils sont pas au courant) en 2014, I.S.P.A.C 2 et M.I.L.S (Maintenant ils sont au courant) en 2016. Cette-dernière le fera connaître du grand public. Il affirme clairement ses ambitions dans le rap français, il n’est pas venu ici pour faire de la figuration (Soleil, Pour Nous, Cresus). Ce sera également l’album de ses premiers hits, ce qui lui permettra une plus grande visibilité et écoute (Dis moi que tu m’aimes, Malcolm). La mixtape est plutôt bien reçue par la critique et finit même disque de platine. La carrière de NI est lancée.

En 2017, il sort son premier album studio : Comme prévu. Ce qui se présente comme la suite de sa mixtape M.I.L.S va bouleverser la carrière de Ninho et le catapulter directement en tant que grand acteur du rap français. L’album est un condensé de sons devenus mémorables : Comme prévu, Mamacita, Laisse pas traîner ton fils (feat Fianso), Rose, De l’autre côté (feat Nekfeu), Elle m’a eu. Sa facilité à kicker sur n’importe quel prod et d’adapter son flow au rythme du son séduit tout l’auditoire du rap FR. Cet album est la consécration du travail de Ninho depuis le début. Pour cause, il devient platine (+ de 100.000 ventes) en moins d’un mois et triple platine en six.

Ce qui fascine surtout chez Ninho, c’est sa facilité à transformer n’importe quel feat dans lequel il participe en véritable hit national. Entre 2014 et 2019, il participe à pas moins de quarante sons, impose son style et s’impose comme le roi du feat en France (Grand Paris, Mortal Kombat, Madre Mia, Longue vie, Bénéfice, Air Max, Ma 6t a craqué, Entre les murs, Prêts à partir, Billets, Papers, Quotidien, Elle est bonne sa mère, Tel me, Tes parents, Méchant, Mayday). Le catalogue est immense.

Après M.I.L.S 2 qui fut un énième succès (double disque de platine), Ninho sort Destin en mars 2019. Il confirme son unanimité à la fois chez le public et auprès du milieu du rap français comme le raconte Kirch K dans une interview avec NI avant la sortie de l’album. L’oeuvre traite généralement de la difficulté qu’à Ninho à mêler sa vie personnelle avec celle du trafic, sans que ses proches n’y soient impliqués (Maman ne le sait pas, Putana). Il a atteint le succès (Jusqu’à minuit feat Jul, L’ancien) mais n’oublie pas les risques que ça encourt (NI, Tokarev, Big Pac). On observe aussi une grande sincérité à travers des sons qui connaîtront un très grand succès (Destin, Goutte d’eau, La vie qu’on mène).

Lors de la parution de l’album, il bat le record de streams en 24h sur Deezer, devient disque d’or en une semaine et triple platine en six mois. Réussite.

SCH

C’est un des personnages les plus sombres de ce rap français. SCH (alias Julien Schwarzer) est originaire de Marseille et commence à rapper dès l’âge de 15 ans. Il se fait connaître notamment pour être apparu sur la mixtape de Lacrim R.I.P.R.O, Vol 1 (sur le son 6.35 avec Sadek & Lacrim) en 2015 et aussi pour son excellent morceau Morpheus.

La même année, il décide de sortir sa première mixtape, A7. Rarement un premier projet d’un rappeur n’aura été aussi encensé par la critique et le public. D’un univers enténébré et obscur (A7, Gomorra, John Lennon), apparaissent des sons très « club » (Champs-Élysées, Drogue prohibée), d’autres instaurant un univers propre aux codes de la mafia (Solides, Gomorra, Liquide, Genny & Ciro). Le magnifique son Fusil, plein de mélancolie et de regrets, vient souligner la diversité de ce projet, considéré par beaucoup comme le meilleur du S, certifié double platine.

L’année d’après, il sort son premier album : Anarchie. Il continue de façonner son personnage et son univers en conservant les mêmes codes que pour A7. Le beatmaker DJ Kore régale une nouvelle fois avec des prods excellentes aux univers variés (Allô Maman, Neuer, Le doc, Anarchie, Trop énorme, Je la connais notamment). Sa collaboration avec le rappeur italien Sfera Ebbasta sur le sublime et planant Cartine Cartier confirme la passion que SCH porte pour l’Italie.  

En 2017, émerge le deuxième album, Deo Favente. Lacrim y apparaît de nouveau dans le seul feat de l’album (Ça va). Certifié platine, il contient des sons toujours à la hauteur du statut de SCH qui ne cesse de monter (Comme si, Poupée russe, 6.45i).

En 2018, il sort JVLIVS, son troisième album avec son nouveau label qu’il vient de créer, Maison Baron Rouge. L’album possède un véritable fil conducteur à travers une histoire narrée au fil des sons, l’aspect cinématographique est très présent. JVLIVS est surtout le premier tome d’une trilogie d’albums, ce qui accentue ce côté « fil rouge ». C’est un retour aux origines, comme en témoigne le retour de Katrina Squad à la prod, déjà présent sur A7. Les prods sont très bien menées (Pharmacie, Tokarev, Otto, Le code, Prêt à partir feat Ninho) et nous portent au fil de l’histoire que l’album nous raconte (coup de cœur pour celle de VNTM, l’une des plus incroyables de cette décennie). Certifié disque de platine.

En novembre 2019, c’est son quatrième album, Rooftop. Ce n’est pourtant pas le deuxième de la trilogie débutée par JVLIVS. Il parle toujours de ses problèmes (Cervelle, All eyes on me, Petit cœur, Tant pis, Solitude, Ça ira, Ciment) mais l’ambiance générale vise à montrer le statut de grand rappeur de SCH (Interlude). L’album se caractérise par ses six feats (Ninho, Gims, Heuss l’Enfoiré, Soolking Rim’K et Capo Plaza) qui sont tous des immenses réussites, fait très rare dans une œuvre de rap. C’est un des meilleurs albums de 2019, qui aura été l’année la plus incroyable de la décennie du rap français. Avec Katrina Squad à la prod, ça ne pouvait qu’être un grand projet.

Laurent Di Fraja

Partie 3/3 : Vald, Kaaris, MHD, Kekra, l’émergence du rap belge (Hamza, Shay)