Noël, ca rend heureux. C’est un fait. Evidemment, il y en a que ça stresse (l’angoisse des cadeaux, des centres commerciaux bondés, des enfants bondissant de chaque coin du marché de Noël ou déboulant sur la patinoire …), que ça énerve (saleté de société de consommation ! On devrait s’en tenir aux oranges et au charbon …) et d’autres que ça rend tristes (les fêtes de fin d’année peuvent être dures quand on est tout seul … et je ne parle pas de la solitude du célibataire au milieu d’un Nouvel An de couples qui vont tous s’embrasser à minuit pile). Mais dans l’ensemble, à Noël on est heureux.
Alors on est heureux pour plein de raisons : on rentre chez ses parents, on retombe en enfance en décorant le sapin, on fait griller du figatellu dans la cheminée, on boit du vin chaud sur la Place du Diamant, on reçoit plein de cadeaux, tout brille (les yeux des enfants, les loupiotes accrochées aux réverbères, les robes dans les rayons d’H&M), tous les JT parlent de la neige comme si c’était la première fois (quelle naïveté enfantine et charmante !), la musique est un peu lassante mais pleine de bons sentiments, on diffuse pour la centième fois Sissi Impératrice, les fameuses comédies romantiques de Noël invitent à siroter un chocolat chaud sous un plaid avec son amoureux.se … et bien-sûr, on s’empiffre, on s’empiffre, on s’empiffre (si vous n’avez pas trouvé d’amoureux.se avant Noël, c’est tant pis pour vous, ça devra attendre votre régime post fêtes de fin d’année). Et on s’empiffre notamment de ce qui est devenu un véritable enjeu économique et social : le chocolat.
Vous noterez, si vous avez déjà jeté un oeil à une comédie de Noël, que le chocolat y tient une grande place. Ce n’est pas pour rien et c’est là que j’en viens à mon sujet : le chocolat rend heureux. Pourquoi croyez-vous que les femmes ont envie de chocolat quand elles ont leur règles ? Et pourquoi offre-t-on des chocolats à la Saint-Valentin ?
C’est parce-que le chocolat libère dans le corps humain des hormones du plaisir (d’où l’idée qu’il est aphrodisiaque, au même titre que les huîtres – même si personnellement je ne connais rien de moins sexy que des huîtres, mais là n’est pas le sujet). En effet, le chocolat provoque notamment la production d’ocytocine, une hormone que l’on produit naturellement lorsqu’on fait un câlin à quelqu’un qu’on aime ou qu’on a un orgasme, ou qu’on finit un très bon livre. Une fois libérée cette hormone aussi appelée « hormone du bonheur » nous fait nous sentir détendus et heureux. Elle a aussi un rôle dans notre sociabilité en favorisant l’attachement et l’empathie. Contrairement à certaines autres hormones, elle ne se régule pas toute seule, mais est libérée par pics qui peuvent être plus ou moins importants selon les circonstances (hin hin) et la dose de chocolat consommée. Les personnes consommant régulièrement du chocolat produisent aussi moins d’hormones de stress (ce qui ne sera peut-être pas le cas de notre diététicien.ne en janvier mais on y pensera le moment venu). Et c’est, outre le sucre, ces hormones qui nous rendent un peu accros au chocolat.
Ainsi, le chocolat est-il simplement un palliatif lorsqu’on n’a pas d’amoureux.se à Noël dans une société qui fait la part belle au couple (qu’il soit libre ou exclusif) ? Ou se noie-t-on dans le chocolat pour éviter de contempler l’affreux abîme de la vacuité de la vie qui s’ouvre forcément immédiatement les fêtes de fin d’année passées, une fois les stands du marché de Noël remballés, quand l’hiver revient dans toute sa froide grisaille ? Emma Bovary se serait-elle suicidée si elle avait mangé plus de chocolat ? Je pense personnellement que manger du chocolat aurait réglé ses problèmes car cela coûte tout de même moins cher de faire des brownies que de s’acheter des robes en soie … Et puis, ça occupe. Et c’est ça aussi la magie de Noël : oublier pendant une semaine (ou un mois, selon votre niveau de ressemblance avec un personnage de comédie américaine) que le monde craint. Sur ce, joyeux Noël et bon appétit !
