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Sous la pierre – Partie 1

Pour le lancement de ma nouvelle rubrique "Fiction", voici la 1ère des 3 parties d'un petit récit fantastique que j'avais écrit en 2nde, corrigé rien que pour vous et publié pour la 1ère fois ! Le récit est inspiré d'un tableau exposé au musée Fesch, "Au cimetière d'Ajaccio", de François Peraldi. Enjoy !

Le soleil se couchait sur le petit cimetière d’Ajaccio et, dans ses rayons dorés, les tombes prenaient des allures merveilleuses. Tout semblait apaisé et on entendait, plus haut dans la montagne, les cloches des vaches et les aboiements des chiens de chasse. Au loin, la tour de la Parata se dressait, monument solitaire, entre l’éclat argenté des flots et les lueurs rougeoyantes du soleil couchant. 

Le crissement du gravier rompit le calme de la nécropole : deux silhouettes s’avançaient lentement dans les allées désertes. La plus grande était celle du vieux curé Giorgiaggi, penché sur un petit livre de prières. Il marchait lentement, absorbé par sa lecture, et l’enfant de chœur qui l’accompagnait devait sans cesse adapter son pas à celui du vieil homme. Curieux, il observait les alentours, perdu dans des pensées sans doute agréables, car un léger sourire flottait sur ses lèvres roses. A un moment, tandis-que le curé continuait sa marche, il s’arrêta et s’approcha d’une tombe pour en ôter quelques mauvaises herbes qui cachaient le nom gravé sur la petite croix de bois.

« Andria, viens donc par ici ». 

L’ordre avait été donné avec une ferme bienveillance. L’enfant obéit et trottina vers le curé qui reprit sa lente marche vers les grilles marquant la sortie du cimetière, et que l’on apercevait désormais au bas d’une grande allée descendante dont la continuité était brisée par  l’effigie de la Madunnuccia devant laquelle Andria et le curé s’arrêtèrent un instant pour se signer avant de reprendre leur chemin. 

Mais soudain, un bruit attira l’attention d’Andria, qui se tourna et tendit l’oreille. Mais il n’entendit rien. Il commençait à se dire que ce devait être le fruit de son imagination quand le bruit se répéta. Une fois. Puis deux. Puis trois. C’était un bruit sourd qui semblait venir d’une tombe proche, à demi envahie de végétation et ornée d’une simple croix de bois. Le bruit était semblable à un poing frappant contre la pierre … L’enfant, terrorisé, poussa un cri et courut vers le curé :

« Mon père, mon père ! Mon père … »

« Qu’y a-t-il ? Pourquoi cries-tu comme ça, voyons ? N’as-tu donc aucun respect pour les morts ? »

« Mon père ! Là-bas – il désignait la tombe d’où venait le bruit – j’ai entendu quelque-chose ! »

« Mais non voyons, il n’y a que nous ici. »

« Mon père, je vous en prie, venez voir ! »

« Bien, bien, je viens. Fit le curé en s’avançant lentement à la suite de l’enfant. Mais j’espère que tu ne me fais pas perdre mon temps. Souviens-toi que nous devons rendre visite à Mme Bianchi à sept heures … »

Ils s’avancèrent donc jusque devant la tombe et attendirent. Au bout d’une minute environ, le curé, agacé dit :

« Il n’y a rien, Andria, et tu me fais perdre mon temps. Viens, partons … »

Mais alors qu’il prononçait ces mots, les coups résonnèrent une nouvelle fois. Le curé, les yeux écarquillés, se signa plusieurs fois rapidement, imité de l’enfant et se mit à psalmodier à toute allure toutes des prières. 

« Vous voyez … vous voyez … Fit Andria, terrorisé. »

« Oui, Andria, oui … Murmura le curé. Mon petit, dit-il en se tournant vers lui, cours à la voiture et rapporte-moi l’eau bénie. Je ne sais pas ce que sont ces bruits, mais ils ne peuvent provenir que d’une chose très malfaisante. »

« Le Diable » articula silencieusement Andria, qui courut jusqu’à la grille du cimetière puis jusqu’à la voiture. Lorsqu’il rapporta l’eau bénie, il trouva le curé, immobile devant la tombe, murmurant des prières, sa petite croix de bois entre ses mains parcheminées. Tremblant, Andria tendit la flasque au vieil homme et le regarda purifier la tombe, sa bouche formant un o, muet de stupeur. 

« Voilà … Dit finalement le curé. Cela devrait suffire … Viens, allons nous-en. »

Il posa sa main sur l’épaule du garçon et ils sortirent du cimetière, encore remués par cet évènement surnaturel.

« Dites mon père … Fit Andria. »

« Oui ? »

« Vous croyez que … c’est le Diable qui a fait ça ? »

« Il est difficile de l’affirmer. Mais je crois en effet que ces étranges bruits sont l’œuvre du Malin. Sans doute aura-t-il pris possession du corps du malheureux enterré là … »

Le petit garçon frissonna à cette pensée, qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver tout de même un peu excitante …

La suite au prochain numéro !

Unsolicited Opinion

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